Lecture aux grands terrains, rue Vian à Marseille, le 30 juin 2012

lLe projet « tentaculeux et tuberculaires » est un amas de textes récoltés de 2004 à 2012. Retravaillés entièrement et unifiés, ils témoignent d’un certain état de montée des puissances d’enfermements ainsi que des tentatives de fuite tous azimuts.
A la fois textes scandés et répétitifs pour énerver comme l’essoreuse d’une machine à laver et tentative d’écrire ce qu’il faut bien appeler une histoire, celle d’un enfermement multiforme et de l’échec des substances miracles pour y remédier.
Il est donc conçu pour être lu intégralement pour éprouver la rencontre des nouvelles tentacules (la télé, l’argent, les marchandises…) et des tubercules qui poussent,énervent, témoignent de dislocation.
La plupart des textes ont été lus à haute voix lors de différentes manifestations. Ils seront réagencés dans un autre ordre avec un autre plan de renversement en brouillant les différences tentacules/tubercules en rapport avec le travail de Jérémie Setton. C’est comme dans une boîte mais à l’extérieur : les pans ouverts aux quatre vents. On peut s’y croire enfermé, on y est renversé. Quand l’oeil se révulse qu’est-ce qu’il reste? Regardez devant : ça tire derrière.
Le titre même Tentaculeux et tuberculaires est un brouillage volontaire et « erroriste » de la qualité des adjectifs en travaillant à une complication du rapport actif/passif qui leur est assigné.

aux grands terrains http://www.grandsterrains.fr/GT_jeremie.html

souvenirs d’emplois du temps (atelier d’écriture aux Baumettes)

TEMPS – Nychtémère

 

6H45 j’entends les clés, envie terrible de pisser /rêves de mer turquoise et de sable blanc /les barreaux me reprennent brutalement/ la liberté n’a pas de prix/ je me passe de l’eau sur le visage

7H les convocations du jour pleuvent dans la boîte à lettres / les mots ouvrent les portes, ferment les portes, les convocations aussi

7H10 les mots réouvrent la porte de la cellule, mais il y a d’autres mots derrière la porte/ direction les cantines du sous-sol – à chaque jour un bon: lundi arrivage des marchandises, mardi bon rose, mercredi bon bleu, jeudi bon vert, vendredi bon jaune et à chaque fois : la générale + dispatching

7H30 petit-déjeuner frugal / deux cafés une tartine

8H promenade pieds glacés -je bats le sol des pieds pour voir si j’en ai toujours/ liberté des sens

10H00 le temps n’en finit plus

10H30 des couloirs froids, venteux, inhospitaliers – la prison t’ouvre les yeux

11H la solitude est l’ennemie de la liberté / heureusement ici je ne serai jamais seul

11H30 remontée en cellule/ ménage/ préparation du repas / allez on passe à table

13H encore l’appel et si possible une douche

13H30 activités de promenade – alors l’avocat qu’est-ce qu’il a dit ?/multimédia

16H réintégration des cellules, goûter face au regard de l’enfant

17H il pleut des gamelles

17H30 préparation du souper

18H15 pompes -histoire de dire que

19H allez on passe à table

19H15 informations régionales – fin du duo Woerth-Bettencourt

20H30 télé/ incontournable film/ courrier

22H ça fait peur / je suis né il n’y a pas longtemps / longue est la naissance d’un homme

22H30 coucher/ l’inégalité est au début, le hasard à la fin / finalement tout est la faute du hasard ce grand maladroit

les aiguilles du temps ont quartier libre