Ci-gît qui y échappa tant
Qu’il n’en échappe que maintenant
Ce qu’on appelle l’amour c’est l’exil, avec de temps en temps une carte postale du pays, voilà mon sentiment ce soir.
Ci-gît qui y échappa tant
Qu’il n’en échappe que maintenant
Ce qu’on appelle l’amour c’est l’exil, avec de temps en temps une carte postale du pays, voilà mon sentiment ce soir.
Séjour où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur.
Est-ce à dire que je suis plus libre maintenant? Je ne sais pas. J’apprendrai. Alors je rentrai dans la maison, et j’écrivis. Il est minuit. La pluie fouette les vitres. Il n’était pas minuit. Il ne pleuvait pas.
Le voyage de Mercier et Camier, je peux le raconter si je veux, car j’étais tout le temps avec eux.
Ce fut un voyage matériellement assez facile, sans mers ni frontières à franchir, à travers des régions peu accidentées, quoique désertiques par endroits.
A tort ou à raison, dit Mercier.
A tort ou à travers, dit Camier.
Fenêtre entre ciel et terre on ne sait où. Elle donne sur une falaise incolore. La crête échappe à l’œil où qu’il se mette. La base aussi. Deux pans de ciel à jamais blanc la bordent. Le ciel laisse-t-il deviner une fin de terre? L’éther intermédiaire? D’oiseau de mer pas trace. Ou trop claire pour paraître. Enfin quelle preuve d’une face? L’œil n’en trouve où qu’il se mette. Il se désiste et la folle s’y met. Emerge enfin d’abord l’ombre d’une corniche. Patience elle s’animera de restes mortels. Un crâne entier se dégage pour finir. Un seul d’entre eux que valent de tels débris. Du coronal il tente encore de rentrer dans la roche. Les orbites laissent entrevoir l’ancien regard. Par instants la falaise disparaît. Alors l’œil de voler vers les blancs lointains. Ou de se détourner de devant.
Pour finir encore crâne seul dans le noir lieu clos front posé sur une planche pour commencer. Longtemps ainsi pour commencer le temps que s’efface le lieu suivi de la planche bien après. Crâne donc pour finir seul dans le noir le vide sans cou ni traits seule la boîte lieu dernier dans le noir le vide.
Une voix parvient à quelqu’un sur le dos dans le noir. Imaginer
De sa couche elle voit se lever Vénus. Encore. De sa couche par temps clair elle voit se lever Vénus suivie du soleil. Elle en veut alors au principe de toute vie. Encore. Le soir par temps clair elle jouit de sa revanche. A Vénus. Devant l’autre fenêtre. Assise raide sur sa vieille chaise elle guette la radieuse. Sa vieille chaise en sapin à barreaux et sans bras. Elle émerge des derniers rayons et de plus en plus brillante décline et s’abîme à son tour. Vénus. Encore. Droite et raide elle reste là dans l’ombre croissante. Tout de noir vêtue. Garder la pose est plus fort qu’elle. Se dirigeant debout vers un point précis souvent elle se fige. Pour ne pouvoir repartir que longtemps après. Sans plus savoir ni où ni pour quel motif. A genoux surtout elle a du mal à ne pas le rester pour toujours. Les mains posées l’une sur l’autre sur un appui quelconque. Tel le pied de son lit. Et sur elles sa tête. La voilà donc comme changée en pierre face à la nuit. Seuls tranchent sur le noir le blanc des cheveux et celui un peu bleuté du visage et des mains. Pour un œil n’ayant pas besoin de lumière pour voir. Tout cela au présent. Comme si elle avait le malheur d’être encore en vie.
Cela ne fait rien. Plus rien. Tant il est vrai que les deux sont mensongers. Réel et -comment mal dire le contraire? Le contrepoison.
Parti pas plus tôt pris ou plutôt bien plus tard que comment dire? Comment pour en finir enfin une dernière fois mal dire? Qu’annulé. Non mais lentement se dissipe un peu très peu telle une dernière traînée de jour quand le rideau se referme. Piane-piane tout seul où mû d’une main fantôme millimètre par millimètre se referme. Adieu adieux. Puis noir parfait avant-glas tout bas adorable son top départ de l’arrivée. Première dernière seconde. Pourvu qu’il en reste encore assez pour tout dévorer. Goulûment seconde par seconde. Ciel terre et tout le bataclan.. Plus miette de charogne nulle part. Léchées babines baste. Non. Encore une seconde. Rien qu’une. Le temps d’aspirer ce vide. Connaître le bonheur.
Encore. Dire encore. Soit dit encore. Tant mal que pis encore. Jusqu’à plus mèche encore. Soit dit plus mèche encore.
Dire pour soit dit. Mal dit. Dire désormais pour soit mal dit.
Dire un corps. Où nul. Nul esprit. Ça au moins. Un lieu. Où nul. Pour le corps. Où être. Où bouger. D’où sortir. Où retourner. Non. Nulle sortie. Nul retour. Rien que là. Rester là. Là encore. Sans bouger.
Tout jadis. Jamais rien d’autre. D’essayé. De raté. N’importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.
D’abord le corps. Non. D’abord le lieu. Non. D’abord les deux. Tantôt l’un ou l’autre. Tantôt l’autre ou l’un. Dégoûté de l’un essayer l’autre. Dégoûté de l’autre retour au dégoût de l’un. Encore et encore. Tant mal que pis encore. Jusqu’au dégoût des deux. Vomir et partir. Là où ni l’un ni l’autre. Jusqu’au dégoût de là. Vomir et revenir. Le corps encore. Où nul. Le lieu encore. Où nul. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux encore. Ou mieux plus mal. Rater plus mal encore. Jusqu’à être dégoûté pour de bon. Vomir pour de bon. Partir pour de bon. Là où ni l’un ni l’autre pour de bon. Une bonne fois pour toutes pour de bon.
Assez. Soudain assez. Soudain tout loin. Nul mouvement et soudain tout loin. Tout moindre. Trois épingles. Un trou d’épingle. Dans l’ obscurissime pénombre. A des vastitudes de distance. Aux limites du vide illimité. D’où pas plus loin. Mieux plus mal pas plus loin. Plus mèche moins. Plus mèche pire. Plus mèche néant. Plus mèche encore.
Soit dit plus mèche encore.
Assis une nuit à sa table la tête sur les mains il se vit se lever et partir.
Un livre sur ce qui existe comme manifestation depuis plus d’un siècle sans exister institutionnellement ou comme catégorie éditoriale, avec des notices comme sur Bob Cobbing.
le devoir
je dis bien
LE DEVOIR
de l’écrivain, du poète
n’est pas d’aller s’enfermer lâchement dans un texte, un livre, une revue dont il ne sortira plus jamais
mais au contraire de sortir
dehors
pour secouer
pour attaquer
l’esprit public,
sinon à quoi sert-il?
Et pourquoi est-il né?
(Antonin Artaud, lettre à René Guilly, 7 février 1948)
Des voix différentes voire divergentes assurément, avec entre autres, Luc Benazet et les choses, le très beau texte sur l’erreur, avec son chant, caresse un obstacle (Rémi Bouthonnier, l’erreur contre l’impossible), le commentaire des sons dans la lecture orale par Philippe Beck, Christian Prigent et l’impossible, eros…
Une musique de questions des plus collectives aux plus (faussement) individuelles – vous avez vécu un drame personnel ? Les questions font revivre la révolution comme fantôme agissant. Voir la lecture d’Hamlet par Derrida dans Spectres de Marx.
Etonnantes, les réactions suscitées par ce texte, en atelier d’écriture.
Fascination pour une lecture-scansion, ses répétitions; les histoires de rencontres avec la chute, les voisins. J’ai connu deux types de public tomber dans le trou: les vieux, et les prisonniers. Répéter pour s’en sortir?
Il y aurait beaucoup à écrire sur ce texte, notamment sur le mélange entre l’esprit d’ordre et une certaine désinvolture qui se mêlent dans l’esprit du personnage. Entre nettoyer des prises de courant au coton tige, voire au cure-dent, l’obsession de straces sur le mur, et un certain délabrement du corps.
La lecture hier, presque intégrale, était très habitée.
Novarina, La quatrième personne du singulier (éditions POL)
Ce qui se poursuit : le travail sur l’inventaire des noms, « la langue à un », une langue propre à chacun, dans son vocabulaire, sa syntaxe, son rythme, sa respiration
ce qui change : la lettre au E muet, à Tibor Mészáros (l’opérette imaginaire, 2009)
Des formules définitives ?
Le langage travaille à l’impératif
Travaille tout dans l’envers retourné
le théâtre : désadhérer, lieu de la défaite humaine, ouverture à la quatrième personne du singulier : personne
le réel comme brûlement spirituel de la chose
Le langage s’est retiré de la page.
De cette dernière phrase il y a beaucoup à faire…
Julien Blaine, Edith Azam,, Bernard Noël, d’autres articles intéressants sur la Grèce
Un rapport frontal, mégalomaniaque à l’Histoire, avec règlements de compte et réengagements, beauté de la mauvaise foi, jeu sur les balancements voici/ voilà, IL NE S4AGIT NULLEMENT / BIEN AU CONTRAIRE
la poésie sait, et sait bien, marcher et ne dort plus sur un papier
Nombreux textes inédits en français et témoignages de référence.
L’influence du Déclin de l’Occident de Spengler, l’expérience de Ginsberg à Travers Blake (Vision 1948) et Howl, le travail sur le reflet chez Kerouac, le Moi aussi, je sais ce que je ne suis pas (Bob Kaufman), le rythme de John Giorno…
Un nouveau regard sur Marseille, avec de brusques changements de la focale, du plus panoramique presque surplombant, ou plus près de l’empathie, zoomé, agrandi. Avec une perception aiguë du rétrécissement des espaces publics libres, de la désorganisation des collectifs.
Une forme d’exil libérateur, d’ouverture à l’expression : le martien a une pensée en forme de bouche ouverte
le train est un esprit qui court les rues
live : discordances face au mur, en plein dedans
l’expérience de la noyade, de se prendre un mur, la proposition de performances dans l’écluse, le sentiment de réduction : on est des ratatinés
om_anaksial de Jacques Sivan
Un traitement de la voix en chuchotements/étouffées/ variations. Une mise en pages avec d’étonnants effets de transparence.
un texte qui travaille la langue dans ses formes impératives, de consentement, de surenchère
ce qui me fait bander ne regarde que moi
et les multiples réponses selon les chapitres parmi lesquelles
…ce trou de vie informe sans nom dans les pensées dans les paroles et dans les corps nommés…
… la force du commencement … le désir
…ce qui de toi m’abandonne…
Il a vraiment bandé les vers.
Edith Azam
Mercure, un texte musical de ma mmmuzzzzique et bruitiste, qui crisse XXXPLOSION et BOUKKAN et mes peurs de ne pas nyarriver
Vannina Maestri A stazzona
un texte architecture lié au bâtiment mais aussi aux précdénts livres Mobiles
un espace en perpétuelle transformation