ministère des mains sales – l’argent tue
Manuel Joseph – La Sécurité des personnes et des biens – drame social – (éditions POL)
Il y aurait beaucoup à écrire sur ce texte, notamment sur le mélange entre l’esprit d’ordre et une certaine désinvolture qui se mêlent dans l’esprit du personnage. Entre nettoyer des prises de courant au coton tige, voire au cure-dent, l’obsession de straces sur le mur, et un certain délabrement du corps.
La lecture hier, presque intégrale, était très habitée.
Manuel Joseph à la Compagnie à Marseille
Novarina, La quatrième personne du singulier (éditions POL)
Novarina, La quatrième personne du singulier (éditions POL)
Ce qui se poursuit : le travail sur l’inventaire des noms, « la langue à un », une langue propre à chacun, dans son vocabulaire, sa syntaxe, son rythme, sa respiration
ce qui change : la lettre au E muet, à Tibor Mészáros (l’opérette imaginaire, 2009)
Des formules définitives ?
Le langage travaille à l’impératif
Travaille tout dans l’envers retourné
le théâtre : désadhérer, lieu de la défaite humaine, ouverture à la quatrième personne du singulier : personne
le réel comme brûlement spirituel de la chose
Le langage s’est retiré de la page.
De cette dernière phrase il y a beaucoup à faire…
nous sommes dans la machine
Performance impressionnante hier à Mona lisait
Julien Blaine en homme machine et brosse de fer raclée sur table en bois.
Un texte sur la machine et le sexe – nous sommes dans la machine.
Comment les nommer? le PAP en action
Une revue à lire d’urgence
Julien Blaine, Edith Azam,, Bernard Noël, d’autres articles intéressants sur la Grèce
Henri Chopin – Le Grand Monde de la grande poésie (éditions le corridor bleu)
Un rapport frontal, mégalomaniaque à l’Histoire, avec règlements de compte et réengagements, beauté de la mauvaise foi, jeu sur les balancements voici/ voilà, IL NE S4AGIT NULLEMENT / BIEN AU CONTRAIRE
la poésie sait, et sait bien, marcher et ne dort plus sur un papier
expo Fabienne Létang à la librairie Mona lisait, 17 bis rue Pavée, Paris
faire péter la carte
Il y aura toujours quelqu’un pour sortir un billet
remplir un chèque
faire péter la carte
il y aura toujours quelqu’un pour laisser un pourboire
pour payer un coup
s’acquitter d’une facture
il y aura toujours quelqu’un pour ça
parce que payer, il se dit
parce que l’argent quand même
parce que manque l’argent
et qu’il allait falloir continuer
Se baigner- doucher du 11 au 27 avril à Alençon
Ce qui s’appelle revendiquer
Deux mains oreilles ouvertes
DEUX MAINS OREILLES OUVERTES
d’un trait sans foi ni loi après les courses
avec puissance obsession et idiotie carrées
les forcer les ceinturer à un quart d’heure à la ronde
les pousser à l’éructation
d’abord les faire ramper
un par un
avec la force de la tétanie
d’une puissance ténue
qui fait glisser
lustrer le sol en lino
décoration parquet chêne brun poncé ciré laqué
travailler les mots
les pincer d’abord
par l’oreille ou le menton
crochet gauche à décocher
ou alors aussi cracher pour hypnotiser
un crachat nauséabond d’après la nuit
quand tout e corps a failli
goûter les voyelles
évider les mots de leurs vocales
même si on sait
qu’elles se taisant
les ordures voies
pas de de cesse
pas de retours
des tours de passe passe sans cessez le feu
incendies durables
coups de couteaux récurrents
en faire du rugueux
de la pâte râpeuse
boule en gorge
bille en foie
de l’exquis qui rejoint
de l’enduis de rebouchage
à mélanger
déranger
la langue profite à la langue
toujours plus forte par temps calme ou agité
là j’ai tenu
désossé
et encore raté
un grand ratage aux ¾
qu’est-ce qui s’est passé ?
C’était coincé des prépositions
prépositionnées dans la bouche derrière les dents
devant la ligne
du front même
avant même
l’arrivée
des minuscules mots
désossés ou pas
passeront entre les mailles par échos
souvenirs anticipations flexions
réflexions : tu les fléchis
ils te réfléchissent
refaire une stratégie
défense bambou
tactique du baiser de l’ours
prendre trois ongles à la hussarde
juste viser
se limer les ongles
deux mains
oreilles ouvertes
Ce qu’il reste de règles syntaxiques
estimer sans estimer
avant après
Ce soir aux bains douches à Alençon
lectures / performances de Charles Pennequin (pas de tombeau pour Mesrine), Edith Azam, Stéphane Nowak Papantoniou (tubercule) et Stéphane Chalumeau (motif_R)
Et parmi tes amis ? il y a
des versions sonores
Et parmi tes amis ? il y a
Et parmi tes amis ?
Et parmi tes amis?
Et parmi tes amis il y en a peut-être qui à moins qu’ils ne soient trop ou pas assez? Et parmi tes amis tu as des personnes bien placées? Et tu vis seuls où tu as quelque soutien parmi des tes amis? Et parmi tes amis il y en a qui travaillent? Et parmi tes amis y a des gens de droite et de gauche? Et parmi tes amis tu as des chômeurs? Et parmi tes amis il y a des heureux? Et parmi tes amis y a-t-il des courageux et des bienveillants?
Et parmi tes ennemis il y a des gens puissants? Et parmi tes amis est-ce qu’il y a des ennemis? Et parmi tes amis y a-t-il des traîtres? Des faux-amis? Des doubles ententes et des quiproquos? Des jeux de masques, de spectres et des tiroirs d’ombres? Et parmi tes amis qu’est-ce qu’il reste de l’amitié? Et parmi tes amis c’est joyeux?
Tu scrutes autour pour tenter de répondre aux questions. Tu cherches le sous-entendu qui essaie de te faire trébucher et tu ne le trouves pas – il a l’air d’être lové dans un repli du sous-entendu, vers la fin du trait d’union du sous-entendu ou parfois dans les sourcils qui se lèvent et l’expiration saccadée qui précède « Et parmi tes amis ? »
Et parmi tes amis tu ne trouves que des mots agglomérés, tordus, disjoints, qui dansent, et dansent.
En attendant
En attendant
En attendant on pourra encore nous nourrir nous laver un peu en attendant on nous comprend toujours pas en attendant on continue de nous expliquer que tout ça c’est pour notre bien en attendant on sent que ça va pas bien partout et que même si les supermarchés sont de plus en sécurisés on attend plus longtemps dans les caisses avec ce doute intérieur qui grandit dans la rencontre avec la marchandise anonyme en attendant on nous dit que tout est sécurisé et homologué et que le personnel médical s’occupera bien de vous ce que fait chaque infirmière, médecin et tutti quanti pour vous rendre selon eux une vie meilleure et en attendant vous n’avez plus les mots qui viennent dans la bouche ni dans la gorge en attendant ils continuent de vous parler et ils ont toujours le dernier mot et en attendant on est toujours immobilisé sans pouvoir dire un mot on peut juste battre des cils et à peine contracter l’anus de quoi faire remonter un peu d’énergie en se faisant nourrir et laver en attendant ils prennent des décisions vous voudriez pouvoir dire non mais n’y arrivez même pas ils ne vous entendent pas en attendant on vous invite à aller de plus en plus souvent dans des supermarchés de plus en plus sécurisés rencontrer des marchandises de plus en plus homologuées en attendant l’aphasie n’est pas pire que l’amenez-y en veux tu en voilà – les branches se brisent et les glaciers s’effondrent en attendant tout va mieux en attendant on résiste en attendant ils ont le doute intérieur et en pleine gueule le mot COMME
Progrès
Progrès
Progressez ils disent encore progressez vous arrêtez surtout pas c’est de mieux en mieux encore un petit effort pour devenir républicains et cap au pire du pitalisme sans cape ni épée il suffit juste de changer un peu votre manière de penser et vous verrez bien qu’on progresse que ça s’arrête pas que c’est lancé et vous saurez ce que s’appelle éructer progressez progressez mes petits enfants n’ayez pas peur tout va de mieux en mieux les supermarchés sont de plus en plus sécurisés et l’on n’arrête pas le progrès en marche si ce n’est pour une pause cigarette qui nous déviera de quelques degrés de la route que dis-je l’autoroute du progrès qui draine des milliers d’informations à la seconde que dis-je des millions même des milliards de milliards qu’il nous est impossible de connaître et que nous avons pourtant réussir à créer par nos machines on arrête pas le progrès on achète on vend la prostitution c’est marron on fuit on croit fuir mais le progrès vous rattrape et vous tient la cheville on avance on avance on galope progressez enivrez vous il suffit d’un petit effort pour bien remarquer vous dis-je que les supermarchés sont de plus en plus sécurisés heureusement que vous êtes blancs mais faites comme si vous progressez progressez et les fumeurs fument de moins en moins de fumée sur les écrans de télévision les choses s’améliorent d’heure en heure vous voyez on n’arrête pas le progrès on l’a vu à la télé que les supermarchés sont de plus en plus sécurisés vous n’imaginez même pas les progrès de la technologie à l’heure où je vous dis ça c’est déjà dépassé et encore plus sécurisé par des caméras toutes ratiboisées que tu vois même pas à l’œil nu comme une étiquette minuscule qui te regarde et en plus les fumeurs fument de moins en moins de fumée dans les endroits homologués à cet effet funeste c’est marqué sur les paquets de clope et dans les écrans de télévision ils l’ont répété dans des informations de moins en moins enfumées et de plus en plus sécurisées progressez progressez vous arrêtez surtout pas.
Depuis 1881
Depuis 1881
Depuis 1881, on découvre, on s’allie, ça n’arrête pas, toujours plus proche, toujours plus précis. Le sang coule toujours, on trouve toujours des œufs sous les poules, mais depuis 1881 on avance vers l’ère du Progrès. Bismarck a frappé avec sa canne sur le sol. Depuis 1881 au moins, lois sociales et répression sont ensemble main dans la main et poings liés. Triple-alliance, triplice, triplette – les trois étripés. Vaccin, bacille, serin, on recommencera bientôt. Encore un petit effort pour, ce sera bientôt l’heure de. En attendant construisons des temples industriels, avec gerbes d’étincelles et friches en devenir. On creuse, on dresse, on branche. Construisons, perfusons, relions. Depuis 1881 on espère ça grandit le progrès est en marche enfin pas loin il est en train de nous rattraper – c’est notre ombre – on ferait mieux d’aller vers lui bras ouverts plutôt que de continuer à se plaindre ce qui nous fait perdre notre temps et ne sert à rien si ce n’est à. Depuis 1881 couteaux eka xylasur des chocolats Weiss. Depuis 1881, il y a de l’électricité dans l’air et du gaz aux étages. Depuis 1881 on traverse l’Europe pour chercher du travail et on parle du chômage et parfois de la main d’œuvre aussi. Depuis 1881 on se méfie de la musique trop moderne et de la peinture trop bigarrée – les lustres au plafond sont devenues des valeurs sûres. Depuis 1881, on est de plus en plus sérieux et on parle de la politique internationale et on pleure de moins en moins. Construisons et dépêchons-nous, les larmes s’évaporent mais l’acier chaud n’attend pas… Depuis 1881 on progresse et depuis 1887 on a découvert une nouvelle espèce de céphalopode appartenant au genre ommatostrephe avec un tentacule et un tubercule. Depuis 1881 à 1887 Bismarck fait passer des lois sociales et vide de la Pologne prussienne les deux-tiers des polonais originaires de la Russie et de l’Autriche-Hongrie. Depuis 1881 le progrès n’attend pas et on fait attendre la promesse. Depuis 1881 au moins.
Synonymes
appeler pompes funèbres mélanger le gay
lectures/performances les 20 et 21 avril à Alençon
Beat Generation – une anthologie, Gérard-Georges Lemaire
Nombreux textes inédits en français et témoignages de référence.
L’influence du Déclin de l’Occident de Spengler, l’expérience de Ginsberg à Travers Blake (Vision 1948) et Howl, le travail sur le reflet chez Kerouac, le Moi aussi, je sais ce que je ne suis pas (Bob Kaufman), le rythme de John Giorno…
Jean-Marc Rouillan, Autopsie du dehors
Un nouveau regard sur Marseille, avec de brusques changements de la focale, du plus panoramique presque surplombant, ou plus près de l’empathie, zoomé, agrandi. Avec une perception aiguë du rétrécissement des espaces publics libres, de la désorganisation des collectifs.