Dédale et nous

labyrinthes et issues de secours

affrictions

une expérience aux Baumettes

La figure de Dédale

Personnage de la mythologie grecque, Dédale est surtout connu pour avoir conçu le labyrinthe de Crète qui y retint le Minautore. Ancêtre d’Eupalamos (en grec « main habile ») et de Palamaon (en grec « manuel »), il crée la statuaire, invente la hachette, le fil à plomb, la vrille, la colle. Comme souvent dans la mythologie, le meurtre constitue l’élément fondateur du mythe. Et c’est avec son neveu et rival Talos, qui imagina le tour, le compas, la scie, que l’histoire de Dédale commence. Secoué par une profonde jalousie, Dédale jette celui-ci du haut de l’Acropole (temple dédié à Athéna). Découvert en essayant de faire disparaître le corps, Dédale est banni par l’Aréopage (Tribunal de l’Athènes antique) et se réfugie en Crète auprès de son roi Minos (fils de Zeus). Là-bas, il y fabrique des statues, une place de danse pour Ariane, et sculpte une vache de bois plaqué cuir qui permet à la reine Pasiphaé dissimulée à l’intérieur de s’unir au taureau, et dont elle enfantera le Minotaure, mi-homme, mi-taureau, pour lequel Dédale construira le Labyrinthe. Tous les neufs ans, en expiation du meurtre d’Androgée, fils de Minos, par Égée, roi d’Athènes, sept filles et sept garçons sont envoyés en sacrifice au Minautore. Thésée, lui-même fils d’Egée, est tiré au sort parmi les jeunes destinés au sacrifice. Mais Dédale fournit à Ariane le fil qui permet à Thésée de sortir du labyrinthe. Minos l’apprend et y enferme Dédale et son fils Icare. Afin de s’échapper, l’ingénieux architecte fabrique des ailes avec des plumes, du lin et de la cire. Ils s’envolent. Malheureusement Icare s’approche trop près du soleil. La cire fondant projeta Icare dans la mer où il se noya. Dédale arrive ainsi seul à Cumes près de Naples puis se cache en Sicile où il se met au service du roi Cocalos. Là il construira un barrage, une citadelle pour le trésor, le soubassement d’un temple d’Aphrodite sur un rocher à pic du mont Eryx, un établissement thermal. Minos toujours désireux de se venger propose une récompense à qui saurait faire passer un fil à travers une coquille d’escargot dans l’espoir de débusquer Dédale. Celui-ci réussit à résoudre ce problème grâce à une fourmi et du miel à l’extrémité mais révèle par la même occasion sa cachette. Minos réclame alors à Cocalos la tête de Dédale. Mais les filles du roi, à qui il avait construit des jouets des poupées munies de jambes amovibles, l’aident à ébouillanter Minos dans son bain grâce à un tuyau sortant du plafond. Dédale poursuit par la suite ses aventures en Sardaigne , et construit de nouveaux édifices qui portèrent son nom, les Dédalies…

 

 

 

L’enfermement est extérieur (la prison, l’hôpital, les murs…) et intérieur comme le dit Michel Vaujour dans Ne me libérez pas je m’en charge : comment s’imbriquent les obsessions de la prison et de l’évasion, la prison intérieure et extérieure. . Qui prendra le dessus ?

 

Contexte

 

Dédale et nous

L’atelier « labyrinthes et issues de secours » est placé sous la figure tutélaire de Dédale qui porte toute l’ambiguïté de la construction d’un labyrinthe et de son évasion. Il questionne les dualités intrinsèques que nous portons.

Injonctions paradoxales de la figure de Dédale comme figure tutélaire de cet atelier :

  • montrer/cacher : Dédale montre (les statues des dieux qui créent une équivalence entre regarder et être regardé) et cache (la vache de bois, le labyrinthe, la citadelle). Et dans nos textes qu’est-ce qui est caché ? Qu’est-ce qui est montré ? Quel est le rôle du secret ?
  • créer/tuer : Dédale crée (les statues ont l’air vivante, il permet la naissance du Minotaure) et tue (son disciple Talos, son fils Icare par imprudence, il est complice du meurtre du Minotaure, de Minos. Comment cette tension entre créer (mettre au jour) et tuer (faire disparaître) travaille-t-elle nos textes ?
  • forme/ illusion : Dédale crée des formes illusoires : Héraclès, face à sa statue, la frappe en croyant qu’elle est vivante ; Pandora, parée de bijoux dédaléens, apporte le malheur ; la vache de bois fonctionne comme appât pour le taureau qui se fait piéger (et plus tard, le cheval de Troie apporte le massacre). Quelles formes, quels appâts inventer pour attirer, égarer le lecteur ? Le labyrinthe comme piège
  • rectitude/ sinuosité : Dédale mène droit son rabot, prescrit à Icare la route droite (la navigation aérienne), invente le fil à plomb rigide. Et c’est lui qui travaille les courbes : le labyrinthe, le peloton d’Ariane (la solution est un redoublement du problème) ; à Délos il enseigne à Thésée une danse dont les figures imitent les tours du labyrinthe ; l’épisode du fil en spirale dans l’escargot. Comment allons nous travailler la tension entre une écriture linéaire et une écriture sinueuse.
  • maîtrise/excès : Dédale est celui qui maîtrise (les thermes de Sélinonte, le vol entre la chaleur du soleil et l’humidité de la mer) et celui qui est capable des grands excès : jalousie ; ébouillantage. Et dans nos textes : s’appuyer sur une maîtrise des consignes pour s’autoriser de grands excès ?