Nouveau lieu à Marseille

MANIFESTEN > OUVERTURE DU NOUVEL ESPACE DES ÉDITIONS AL DANTE

59 rue Thiers, Marseille, 13001, France
# Jeudi 19 septembre, 19hvernissage de l’expo de Bernard Heidsieck : Spermato

Amandine André (lecture)

Manuel Joseph + motif_r (lecture + son)

suivi d’une performance sonore de motif_r

# vendredi 20 septembre, 19h

Jérôme Bertin (lecture)

Fabienne Létang (performance)

Stéphane Nowak Papantoniou (intervention performative)

# Samedi 21 septembre, 19h

Romain Girard (intervention performative)

Édouard Beau + Garance Clavel + Frank Smith > Matériau Irak (intervention intermédia)

# Dimanche 22 septembre, 19h

rdv avec Jann-Marc Rouillan autour de son livre Le tricard présentation des dessins de Marie-Claire Cordat

 

Les éditions Al Dante ouvrent un nouveau lieu à Marseille : MANIFESTEN. Ni galerie ni café ni librairie ni bibliothèque ni cinéma ni maison de la poésie – même si les murs sont porteurs d’images et de textes – même si les rayonnages supportent des livres disponibles à tou-te-s – même si des tables sont à disposition pour s’assoir et boire un verre – même si un écran peut être déroulé pour visionner des films – même si l’espace peut se modeler selon le désir des poètes et des interventionnistes de l’art-action – même si une salle de réunion est ouverte pour les débats et les discussions – MANIFESTEN > est une revue en 3 dimensions qui s’écrit au présent avec les voix de tou-te-s qui la font vivre – MANIFESTEN > on y croise des poètes des artistes des écrivain-e-s des militant-e-s des auteur-e-s… pour qui changer le monde n’est pas une utopie mais la seule façon d’être de ce monde – MANIFESTEN > témoigne du désir obstiné que paroles et actes soient intimement liés – MANIFESTEN > est une fabrique, où la réinvention de la langue nous permet d’affûter nos propres outils de penser – MANIFESTEN > se conjugue au présent car nous ne pouvons nous satisfaire d’un futur qui n’est qu’une hypothèse – MANIFESTEN > est en guerre toujours contre une culture de masse abêtissante / en guerre contre les pensées réservées qui font des écoles des lieux de pouvoir et des organes de presse des armes de propagande – MANIFESTEN > a définitivement choisi la violence de la vie contre la brutalité de ceux qui la brident – MANIFESTEN > a un corps car respire…

MANIFESTEN – lieu d’interventions, de réflexions & d’excitations poétiques, politiques & esthétiques – ouvre ses portes en septembre 2013, au 59 de la rue Thiers, Marseille 1er.

Tentaculeux & tuberculaires


Aux éditons Al Dante :
TENTACULEUX & TUBERCULAIRES de Stéphane Nowak Papantoniou
(poésie – 96 pages/15€)

Tentaculeux et tuberculaires est un amas de textes qui témoignent d’un fort sentiment du renforcement des puissances d’enfermements, et de l’urgence de créer des stratégies de fuite tous azimuts.
Ce livre est à la fois textes scandés et répétitifs – pour énerver, comme l’essoreuse d’une machine à laver – et tentative d’écrire ce qu’il est convenu d’appeler une histoire, celle d’un enfermement multiforme, et de l’échec des substances miracles pour y remédier – de ses substances aliénantes que sont ces biens qu’on nous pousse à consommer afin d’atteindre un bonheur qui s’éloigne pourtant de plus en plus.
Une poésie en prose, une prose trouée, vive et mouvante, en tentacules (la télé, l’argent, les marchandises…) et tubercules – qui poussent, énervent, témoignent de dislocations – des vies, des esprits – et des solitudes – parmi les bruits et les foules. Ici, le matériau textuel qui raconte l’individu est emprunté à l’actualité : la dette, la Grèce, les banques, la violence du quotidien, etc.

Disponible sur les sites de Presses du réel

ça a commencé ça a pas encore commencé
ça a déjà commencé alors que pas encore commandé
c’est commandé pas commandé pas encore commandé
c’est dessus c’est dessous c’est sans peine
c’est dans l’ombre pas dans l’ombre pénombre
recommandé
c’est un recommandé à trouver
un accusé de réception oui
voilà ça a commencé par un accusé de réception
ça a commencé par un récipissé
une accusation
dont on n’a pas trouvé l’intitulé
c’est en train de commencer
ça a commencé par une pomme
et puis après un moignon
et juste après un trognon

lectures/inteventions au Monte-en-l’air – Paris- ce samedi 2 mars

montenlair

Jérôme Bertin, Jean-Michel Espitallier & Stéphane Nowak Papantoniou / Éditions Al Dante / Lectures et performances

Samedi 2 mars à partir de 18h30

Lectures et performances de Jérôme Bertin, Jean-Michel Espitallier et Stéphane Nowak Papantoniou

Jérôme Bertin a publié, aux éditions Al Dante, « Batard du vide » (2011) et « Le patient », (2012). À paraître, en avril 2013 : « Pute ».

Jean-Michel Espitallier vient de publier « L’invention de la course à pied (et autres trucs) ».

Stéphane Nowak Papantoniou publiera « Tentaculeux et tuberculaires » en mars 2013 – à découvrir en avant-première au monte en l’air !

soirée qui vive – ici/ailleurs- ciné 104 à Pantin- ce jeudi 28 février- lecture/intervention

203590_418035038284844_1678593134_nSÉANCE QUI-VIVE
organisée par Rudolf Di stefano et François Nicolas
PREMIÈRE SÉANCE : JEUDI 28 FÉVRIER
À 19h30 – 22h30 entracte à 20h45
Entrée : 5 euros

Il s’agit d’inventer un lieu (autour d’un endroit existant : le ciné 104 de Pantin) et une forme (à partir de deux figures : la séance de cinéma et la revue parlée).

Un lieu pour partager les brèches d’un monde contemporain saturé d’injustices et de corruption ; un lieu pour présenter les nouveaux possibles qui s’avancent et se fraient une voie, potentialités encore invisibles mais déjà bien actives : le possible, revenu d’un lointain passé souterrain, que la taupe annonce ; le possible que l’aigle actualise comme point lointain prêt à fondre sur le présent ; le possible à venir que la progression tranquille d’un âne venu de l’horizon rend public d’un mince trait de poussière.

Un endroit qui articule une salle, une scène et un écran ; une caverne retournée tel un gant où l’écran fait moins écran distrayant que surface filtrante d’un vitrail, où la scène découpe un espace d’où des corps parlent à un public, où la salle performe un collectif le temps d’une séance plutôt qu’elle ne l’endorme.

Une forme pour rythmer ces percées et leur donner chance de se croiser, de se frotter, de s’entrelacer ou de bifurquer ; une forme mixant celles des séances de cinéma et des revues parlées.

Une séance qui, à la manière du vieux cinéma du samedi soir, entrelace les actualités d’un présent inapparent (notre aigle), les publicités sur un futur encore inexistant (notre âne) et les annonces d’un passé qui reprend souffle (notre taupe).

Une revue qui enchaîne les points de vue de musiciens et de cinéastes, de poètes et d’écrivains, d’acteurs et de danseurs, mais aussi de militants et de gens soucieux d’émancipation politique. Une revue soumise à deux principes formels :

chaque intervention durera environ un quart d’heure – les interventions doivent pouvoir se composer, se répondre, se surprendre ;

chaque billet écrit sera systématiquement lu par un autre que celui qui l’aura rédigé – l’intervention de chacun doit être appropriable par d’autres.

http://www.qui-vive.org

ANASTROPHE CATASTROPHE ( à venir dans le festival Prodrome)

ANASTROPHE CATASTROPHE

ce qui contamine ma langue mater

nelle par une armée de pré

positions venues de l’ex

térieur un assaut en règle straté

gicle une affaire très physique tout ça et puis non: cli

nique une histoire de scalpel un appel à la dé

coupe

un rapport devenu canin à la vie une envie subite de mordre vite

(extrait  de la  glôôsse  hybridation de langues française et grecques  aux prises avec la glose économique pour faire surgir une autre parole,  archaïque et contemporaine.)

Journal des Baumettes (extrait de la revue Esprit de Babel N°6)

 

Jour 1

Mal dormi. La mine des gens dans le bus comme des enfants défaits. A l’arrivée, le drapeau français punitif et les péchés capitaux sculptés par Gaston Castel. La prison extérieure est là : les valeurs morales.

12 portes sinon rien

digiphone porte carte badge porte

porte sas dadenas détecteur porte

porte badge porte

porte sas porte

bâtiment A porte sas porte

bâtiment B porte sas porte

porte clé porte ouverte porte ouverte porte fermée et

une salle

Quartier des condamnés à mort. Le dernier fut Ranucci.

Autour les bruits de porte les cris surveillant, au secours, parloir !

Ça se répétera chaque semaine.

Un mémoire du Robinson des prisons m’apprend comment faire un briquet électronique avec un coton tige, comment soigner le mal de gorge avec une gousse d’ail, la constipation avec de l’huile d’olive.

Je suis présenté comme un détenu: la tension palpable, les preuves à fournir de virilité (le bonjour comme enjeu et défi); autour: celui qui parle beaucoup, celui qui a les sourire en coin, celui qui se révolte (j’ai l’impression que vous prenez les autres pour des inférieurs car pas de revue corse), celui qui le soutient tout en paraissant obéir à la directrice (double jeu).

Ce qui sidère, c’est cet effet, cet état défait des corps; derrière les visages, la question de la violence et du passage à l’acte.

Au cabinet des curiosités, je découvre les vieilles portes de Toulon, un faux flingue en métal, un lance-pierre avec lanière élastique, un appareil de tatouage, une pipe, une matraque.

Dehors le camion attend avec dedans, les cages à lapin

J’apprends la langue interne du pouvoir : je suis dans la base de données Antigone.

 

Jour 2

Ici il semble interdit d’aimer. Les bruits sourds sont partout, l’écoute, nulle part.

 

Jour 3

Face à des barreaux noirs en bas, blancs en haut, je lis

les INDIGENTS sont autorisés à laver leur linge

arrêtez de jeter des détritus par les fenêtres, risque, avec les animaux, de maladies graves parfois mortelles, leptospirose ou maladie de Lyme

Attendre que CA CAIRE

 

Te voici vidé nu au trou

Te voici rempli de promesses de doutes et d’ivresse

Te voici insomniaque à imaginer des horizons plus larges qu’un crâne

Te voici hagard hors de toi quand bien même ce hangar de soi existerait

Tu es à poil anus ouvert tirant la langue

Tu danses les quatre pattes en l’air

 

Jour 4

Eh bien me voilà en prison, la gorge prise, le nez en nénuphar, avec quoi à transmettre.

Eh bien me voilà, défait, affaibli par ce qui me reste d’espoir.

  • Vous comprenez la fissure elle est là comme ça elle s’est élargie avec la pluie et les années et l’assurance ils s’en fichent je sors en courant je cours toujours je m’arrête pas mais cette fissure ça me fend vous comprenez la fissure arrête pas de s’agrandir je l’ai plâtrée bouchée tout à l’heure avec tout ce que j’avais mais rien à faire l’angoisse continue même après la nuit et qui plus est parmi nous

 

Jour 5

Je me souviens de R., un barbu tout rouge, il serre toujours les menottes un peu plus que nécessaire.

Je me souviens d’O., il reniflait sans cesse, il ne renâclait jamais à donner un coup de paluche.

Je me souviens d’H. il était musclé et écartait les gens du regard.

Je me souviens d’A., il n’avait plus de dents, perdues à coup d’un coup de bélier de la police.

 

extérieurement néo-colonial intérieurement il machine

extérieurement il n’en peut plus intérieurement c’est tendu

extérieurement intérieurement

c’est ainsi extérieurement que ça se passe

intérieurement c’est sous-jacent

extérieurement il n’aime pas intérieurement il admet

extérieurement c’est ceci intérieurement il n’implique plus cela

ici là c’est pas cela parce qu’ici puisque là

non plus jamais ici

Encore une fois défait.

 

Jour 6

Inutile de se cacher la vérité. Je suis défait. Je ne cherche plus qu’à téter, suçoter, temporiser. L’insupportable est à chaque pas. Surtout ce qui pourrait améliorer les choses.

Enfin sorti, de l’air, vite!

 

Jour 7

Lorsque j’arrive je n’ai déjà plus de poumon, ma respiration est laborieuse, les « au secours » alentour se sont multipliés, les remords de la nuit m’a épuisé, le pressentiment d’une catastrophe imminente m’avait lessivé.

 

Jour 8

Remplir des cases : je ne sais plus pleurer.

Comme dit Vaujour : Prison: endroit d’où il faut s’évader

 

Jour 9

L’effroi et la tension, la peur au ventre, le bruit de chute des ciseaux au sol, la parole pour meubler radicalement, radicellement.

 

Jour 10

Les circonstancielles m’apparaissent en conditionnelle et les circonstances atténuantes comme des fables ténues. Alors l’émotion se transforme en expérience. Sur le mur, on annonce une course camarguaise à la maison d’arrêt.

 

Jour 11

Je / lève / un / pied / pas / suspendu / cigogne / sinon / balle / kalachnikoff / de face / ou de dos / selon police / ou gendarme

C’est parce que tu rencontres une chaussure éventrée que tu penses au Père Noël, au zéro défaut / au 4 fois sans frais.

Ab. me raconte comment il s’est fait tabassé volontairement par solidarité avec son frère.

 

Jour 12

8H Souvenir d’un rêve. Une araignée morte.

10H Tu entends ce que je dis ?

12H Baumettes : Walà!

14H Digestion difficile – trop de choix

16H Hypnotisé – plus rien ne se passe

18H Vissé

20H Un verre vide

22H Un étirement pour survivre

 

Jour 13

Un gardien : « c’est grâce à la bonne mère que je suis là ».

Autour une foule déserte, une forêt métallique, une inertie mouvementée

un cri silencieux, un ego humble.

 

Jour 14

Des visages marqués, un état d’accusation, défait. Une lecture hirsute. Une fièvre qui monte.

Jour 15

Des espaces à n dimensions

5eme étage – quartier disciplinaire – cercle- portes beiges

4ème étage – quartier d’isolement – portes jaunes

1er étage – travailleurs – portes bleues

Emmaus- photo de l’abbé Pierre – carte bleue obligatoire

QD, QI, salle de sports muscu et l’infirmerie qui goutte

Une prison des femmes avec la cyberbase sans internet, l’espace de rencontres pardoxale parents-enfants, la nurserie qui garde.

 

 

 

Textes issus des ateliers

 

Espaces

 

portes

il y a des portes qui sont des portes qu’on porte

quand le malheur s’enchaîne les portes se déchaînent

 

quand je franchis une porte j’oublie ce qui se passe derrière

moi je regarde en face et je tourne ma tête de gauche à droite

 

je change de territoire sans savoir ce que je vais y découvrir

 

les mots ouvrent des portes les mots ferment une porte

il y a toujours une porte derrière la porte

 

escaliers

vivre dans l’escalier ça me rappelle quand on sortait tous de la maison pour se griller une cigarette

 

la vie est un escalier qui monte et qui descend, le plus dur est de garder l’équilibre pour ne pas tomber et surtout d’empêcher les autres qui convoitent ce haut de l’escalier de te faire glisser

 

l’escalier est un tas de questions une ascension psychologique vers le point d’interrogation inversé

 

murs

on écrasait nos cigarettes sur le mur d’en face

 

les murs les plus hauts sont ceux qui sont bâtis sans fondement et que nous avons dans notre tête, dans notre cœur, dans notre âme, dans notre inconscient, ils ne sont pas bâtis avec du mortier mais avec LA LANGUE et ce sont les plus durs à détruire à abattre à fissurer à conquérir à gravir – ils sont hauts, plus hauts que Babel ou Jéricho.

 

Écrire des mots choquants sur les murs pour prouver aux autres et à nous mêmes que nous existons

 

les murs de l’ego

 

phrases entendues

 

quand on assume ça s’efface

 

pas de bruit! Ça annonce rien de bon

 

allez on passe à table

 

il s’agit de

jouer à deux touches /collectif / entrer en contact/ tenter les occasions

 

la prison ça t’ouvre les yeux

 

longue est la naissance d’un homme / je suis né il n’y a pas longtemps

 

 

TEMPS – Nychtémère

 

6H45 j’entends les clés, envie terrible de pisser /rêves de mer turquoise et de sable blanc /les barreaux me reprennent brutalement/ la liberté n’a pas de prix/ je me passe de l’eau sur le visage

7H les convocations du jour pleuvent dans la boîte à lettres / les mots ouvrent les portes, ferment les portes, les convocations aussi

7H10 les mots réouvrent la porte de la cellule, mais il y a d’autres mots derrière la porte/ direction les cantines du sous-sol – à chaque jour un bon: lundi arrivage des marchandises, mardi bon rose, mercredi bon bleu, jeudi bon vert, vendredi bon jaune et à chaque fois : la générale + dispatching

7H30 petit-déjeuner frugal / deux cafés une tartine

8H promenade pieds glacés -je bats le sol des pieds pour voir si j’en ai toujours/ liberté des sens

10H00 le temps n’en finit plus

10H30 des couloirs froids, venteux, inhospitaliers – la prison t’ouvre les yeux

11H la solitude est l’ennemie de la liberté / heureusement ici je ne serai jamais seul

11H30 remontée en cellule/ ménage/ préparation du repas / allez on passe à table

13H encore l’appel et si possible une douche

13H30 activités de promenade – alors l’avocat qu’est-ce qu’il a dit ?/multimédia

16H réintégration des cellules, goûter face au regard de l’enfant

17H il pleut des gamelles

17H30 préparation du souper

18H15 pompes -histoire de dire que

19H allez on passe à table

19H15 informations régionales – fin du duo Woerth-Bettencourt

20H30 télé/ incontournable film/ courrier

22H ça fait peur / je suis né il n’y a pas longtemps / longue est la naissance d’un homme

22H30 coucher/ l’inégalité est au début, le hasard à la fin / finalement tout est la faute du hasard ce grand maladroit

les aiguilles du temps ont quartier libre

 

avec la participation de

Sylvain Peureux, régleur de peur

André Laumonier, angoissologue

Fréderic Vertonna de Voltaire, ajusteur d’âme

et autres complices d’écriture

 

Dédale et nous

labyrinthes et issues de secours

affrictions

une expérience aux Baumettes

La figure de Dédale

Personnage de la mythologie grecque, Dédale est surtout connu pour avoir conçu le labyrinthe de Crète qui y retint le Minautore. Ancêtre d’Eupalamos (en grec « main habile ») et de Palamaon (en grec « manuel »), il crée la statuaire, invente la hachette, le fil à plomb, la vrille, la colle. Comme souvent dans la mythologie, le meurtre constitue l’élément fondateur du mythe. Et c’est avec son neveu et rival Talos, qui imagina le tour, le compas, la scie, que l’histoire de Dédale commence. Secoué par une profonde jalousie, Dédale jette celui-ci du haut de l’Acropole (temple dédié à Athéna). Découvert en essayant de faire disparaître le corps, Dédale est banni par l’Aréopage (Tribunal de l’Athènes antique) et se réfugie en Crète auprès de son roi Minos (fils de Zeus). Là-bas, il y fabrique des statues, une place de danse pour Ariane, et sculpte une vache de bois plaqué cuir qui permet à la reine Pasiphaé dissimulée à l’intérieur de s’unir au taureau, et dont elle enfantera le Minotaure, mi-homme, mi-taureau, pour lequel Dédale construira le Labyrinthe. Tous les neufs ans, en expiation du meurtre d’Androgée, fils de Minos, par Égée, roi d’Athènes, sept filles et sept garçons sont envoyés en sacrifice au Minautore. Thésée, lui-même fils d’Egée, est tiré au sort parmi les jeunes destinés au sacrifice. Mais Dédale fournit à Ariane le fil qui permet à Thésée de sortir du labyrinthe. Minos l’apprend et y enferme Dédale et son fils Icare. Afin de s’échapper, l’ingénieux architecte fabrique des ailes avec des plumes, du lin et de la cire. Ils s’envolent. Malheureusement Icare s’approche trop près du soleil. La cire fondant projeta Icare dans la mer où il se noya. Dédale arrive ainsi seul à Cumes près de Naples puis se cache en Sicile où il se met au service du roi Cocalos. Là il construira un barrage, une citadelle pour le trésor, le soubassement d’un temple d’Aphrodite sur un rocher à pic du mont Eryx, un établissement thermal. Minos toujours désireux de se venger propose une récompense à qui saurait faire passer un fil à travers une coquille d’escargot dans l’espoir de débusquer Dédale. Celui-ci réussit à résoudre ce problème grâce à une fourmi et du miel à l’extrémité mais révèle par la même occasion sa cachette. Minos réclame alors à Cocalos la tête de Dédale. Mais les filles du roi, à qui il avait construit des jouets des poupées munies de jambes amovibles, l’aident à ébouillanter Minos dans son bain grâce à un tuyau sortant du plafond. Dédale poursuit par la suite ses aventures en Sardaigne , et construit de nouveaux édifices qui portèrent son nom, les Dédalies…

 

 

 

L’enfermement est extérieur (la prison, l’hôpital, les murs…) et intérieur comme le dit Michel Vaujour dans Ne me libérez pas je m’en charge : comment s’imbriquent les obsessions de la prison et de l’évasion, la prison intérieure et extérieure. . Qui prendra le dessus ?

 

Contexte

 

Dédale et nous

L’atelier « labyrinthes et issues de secours » est placé sous la figure tutélaire de Dédale qui porte toute l’ambiguïté de la construction d’un labyrinthe et de son évasion. Il questionne les dualités intrinsèques que nous portons.

Injonctions paradoxales de la figure de Dédale comme figure tutélaire de cet atelier :

  • montrer/cacher : Dédale montre (les statues des dieux qui créent une équivalence entre regarder et être regardé) et cache (la vache de bois, le labyrinthe, la citadelle). Et dans nos textes qu’est-ce qui est caché ? Qu’est-ce qui est montré ? Quel est le rôle du secret ?
  • créer/tuer : Dédale crée (les statues ont l’air vivante, il permet la naissance du Minotaure) et tue (son disciple Talos, son fils Icare par imprudence, il est complice du meurtre du Minotaure, de Minos. Comment cette tension entre créer (mettre au jour) et tuer (faire disparaître) travaille-t-elle nos textes ?
  • forme/ illusion : Dédale crée des formes illusoires : Héraclès, face à sa statue, la frappe en croyant qu’elle est vivante ; Pandora, parée de bijoux dédaléens, apporte le malheur ; la vache de bois fonctionne comme appât pour le taureau qui se fait piéger (et plus tard, le cheval de Troie apporte le massacre). Quelles formes, quels appâts inventer pour attirer, égarer le lecteur ? Le labyrinthe comme piège
  • rectitude/ sinuosité : Dédale mène droit son rabot, prescrit à Icare la route droite (la navigation aérienne), invente le fil à plomb rigide. Et c’est lui qui travaille les courbes : le labyrinthe, le peloton d’Ariane (la solution est un redoublement du problème) ; à Délos il enseigne à Thésée une danse dont les figures imitent les tours du labyrinthe ; l’épisode du fil en spirale dans l’escargot. Comment allons nous travailler la tension entre une écriture linéaire et une écriture sinueuse.
  • maîtrise/excès : Dédale est celui qui maîtrise (les thermes de Sélinonte, le vol entre la chaleur du soleil et l’humidité de la mer) et celui qui est capable des grands excès : jalousie ; ébouillantage. Et dans nos textes : s’appuyer sur une maîtrise des consignes pour s’autoriser de grands excès ?

PIRE QUE PREVU

Vous ne pouvez pas comprendre. Vous me croyez de l’autre côté ? Vous pensez vraiment que j’habite l’envers du décor ?

Oui je suis de l’autre côté. Vous n’avez pas compris. De l’autre côté. Pas l’envers. L’autre.

Que vous vous méfiez de l’envers du décor, soit. Tout tailleur qui se respecte ferait pareil. Et vous avez scruté, inspecté. Et du côté de l’envers il n’y a rien . Riemen rein nothing nada tipota.

Pas un pli, pas une bordure, pas un ourlet, pas une frange, pas une ride, rien.

Vous croyez vraiment que je trafique pour échapper aux taxtes et que c’est pour cela que la météo a changé et que le fléau nous est tombé sur la tête ?

Vous croyez vraiment que les prix augmentent parce que je stocke de l’or dans ma cahute ?

Vous pensez sérieusement que je pousse les paysans malgré eux aux larcin et à la fraude générale ?

Je ne suis pas l’envers du décor.

Je suis juste de l’autre côté, après l’orée, après la marge, dans la lande.

 

 

PIRE QUE PREVU

 

On m’amène un bûcher en flamme. Ça sent, ça crépite. On me présente un rat, un sceau, une corde. On me demande si je préfère l’intelligence du rat ou la sagesse de la corde. J’ai pris la corde. Gagner du temps. Encore que. Je ne sais pas combien. Les officiants s’affairent, se regroupent, vont chercher trois hommes masqués qui se consultent longtemps sur l’estrade. Le plus grand scrute le rat qui semble avoir sa faveur. Il le réclame, je peux l’entendre. Le plus petit regarde la foule qui réclame aussi. Il saisit la corde et la donne aux autres. On récite une première prière. Demain tout ira mieux. Avec un peu de chance, vous mourrez sauvé.

On me présente la facture des méfaits. Quand tu auras le visage tout rouge tu seras bientôt sauvé

Espoir de tuméfaction.

On me parle promesse, engagement, mensonge, charte, solution, dette, unique solution unique, défaut régulier, surprise, pire que prévu, pire que prévu, pire que prévu

Un homme en noir s’avance et déclare acheter ma peine. On s’affaire. Il paiera plus tard si je lui donne satisfaction. On court, on discute, on signe.

Le sang monte à la tête. Je vais bientôt exploser. Il me dit qu’il va rééchelonner ma douleur, il me prend en laisse avec la corde, il resserre légèrement – le salut attendra.

 

 

annonciatio in vitro

ANNONCIATIO IN VITRO

ELLEpenchée en avant, main au sol, ramasse des graines LUImains nouées, gorge en boule, liane de ses jambes aux genoux d’abord, aux chevilles ensuite
Salut de l’innommé ou du nom oublié maintenant-maintenant (le doigt vers le ciel) 

Placez la graine dans le coffre

Nettoyez vous les mains

Patientez jusque votre tour

Vous entrez maintenant dans une zone non sécurisée

 

Etirez la colonne. Visionnez. Tenez. Vous voyez le phare, le cri. La brume est épaisse, à fendre au couteau. La croissance a failli. Les résultats sont pire que prévu. Ne vous retournez pas, jamais. Vous en prenez au moins pour 10 ans. Demain il sera à chaque heure midi.

(marche, marche sans fin, immobile ou couvre ou couve)

Un-deux, un-deux, plus tard, plus tardE4-J7

 

Pourquoi pas allumer un feu pour contrer ce qui m’obsède ?

Revoir un diaporama.

Régler le rétroviseur.

Relire Balzac et mourir.

Revenir au cimetière.

S’acquitter de la facture.

Relier les dossiers

et garder un reste

pour la route au cas où

Tant de brouillard en journée

ça clignote partout, mal au dos, la nuit est partie

(la colonne comme un arc électrique)

 

 

Rayon éclair sur place nette// crépitement de bois brûlé

ça n’est pas comme un fracas mais ça clignote aussi, une intuition

de dos de face chaque jour là ne peut échapper

ça s’est passé il y a 27 jours, ça en durera 21, renouvelables un temps pour mûrir, un temps pour cueillir

 

Sur la route serpentante d’Athènes, longeant la côte découpée, oui plus que découpée concassée, émiettée, au km 21, près de la station service FINA près du STOP, elle tient la pompe à essence d’une main, se penche en avant, et touche le sol de l’autre main.

Lui, il compte les billets et raconte des histoires.

Bruit des voitures devant et du klaxon au virage.