Lire et écrire avec Laurent Mauvignier et Tanguy Viel – la question du secret

Le secret est une question délicate en écriture : force magnétique et risque du psychodrame. Comme dit Michel Azama, le secret ça sécrète, ça transpire, ça déborde, ça imagine pour deux.

C’est pas comme un bijou mais ça se porte aussi, un secret. (Loin d’eux) A partir de là, on peut dessiner un halo autour d’un personnage, augmenter son territoire, adjoindre les fantômes environnants.

La question de sa révélation est tout aussi délicate puisque le secret n’est pas seulement une chose ou un fait mais un halo, une densité. Un extérieur et intérieur retravaillant la figure du Horla chez Maupassant ou de l’inquiétante étrangeté.

On pourrait opposer une manière d’élucidation classique du secret comme manifestation de la raison (romans policiers au passé simple du début du 20ème siècle) à une manière contemporaine où la révélation, passant par l’inconscient laisse tout autant d’obscur et de mystère après (on pense aux puissances de l’obscur chez Edmond Jabès ou René Char à la suite de Parménide). Ainsi, dans Maladie de Tanguy Viel la révélation obscurcit le propos, ce qui se montre c’est une autre figure de boucle, d’insistances, de peurs… Déconstruction paradoxale de la figure du médecin sous forme d’interpellation. Puissance de l’adresse paradoxale qu’il y avait déjà dans Le banquier anarchiste de Pessoa.

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